mardi 5 mai 2009

C’EST PAS MON GENRE : Voir sous les jupes des hommes



Las de subir chaque matin la même routine vestimentaire et de n’avoir le choix, pour couvrir leurs charmantes gambettes, qu’entre le pantalon, le pantalon et, les jours de fête, le short ou le bermuda, une poignée de mecs revendiquent le droit de s’affranchir, de diversifier leur garde-froc et de porter des jupes. Et alors ?

Un mâle, un vrai, hardi et couillu, se doit d’être fonctionnel, serré dans son slip et contraint de rejeter tout ce qui se rapproche de près ou de loin des attributs de gonzesses. Tel est l’idéal viril du cow-boy solitaire et la norme monolithique des sociétés industrialisées. La jupe, c’est pour bobonne, les travelos et les tarlouzes, et, si dans notre extrême bonté, on octroie le kilt à l’Écossais et la robe longue au dalaï-lama, c’est uniquement pour le folklore, cet exquis racisme exotique qui nous invite au dépaysement et nous rappelle que, décidément, nous n’avons pas les mêmes valeurs.
Ces braves types ne rentrent dans aucune de ces catégories et enfilent la jupe non pour jouer les grandes folles à la Samantha — la série débile de France 2 —, encore moins pour rejoindre le club des dress-crosser — les hommes fascinés par la féminité et qui piquent toutes les fringues et le maquillage de leurs épouses.
Ils sont fiers d’être des hommes, refusent de mettre des robes et des collants féminins, inadaptés à leur corpulence, et rêvent d’un monde où la jupe serait asexuée, comme le pantalon.

• Et le week-end des 2 et 3 mai, dans le cadre du festival Vogue la matière, à Bourg-sur Gironde, pour la première fois, les créateurs français Anna Morvestir et Hiatus présenteront leurs gammes de jupes pour hommes…

Les grands couturiers (Agnès B., Jean Paul Gaultier…) ont bien sûr expérimenté la jupe pour homme depuis fort longtemps, et celle-ci descend progressivement des podiums : des créateurs proposent jupes de saison et collants masculins — avec un système ingénieux permettant de libérer le pénis pour uriner debout et suffisamment épais pour contenir les poils aux pattes —, mais à des prix exorbitants : 30 euros au minimum pour un collant, de 100 à 400 euros pour une jupe !
Il est donc fort coûteux de s’habiller comme on aime, surtout pour subir les quolibets sexistes de ses congénères — les railleries les plus machistes émanant justement des femmes, autorisées à porter le pantalon depuis soixante ans seulement —, qui continuent d’entretenir et d’imposer les vieux stéréotypes de la masculinité.
Comme si l’appartenance à un genre et la preuve de la différenciation sexuelle se limitaient à un bout de tissu. Ces messieurs veulent disposer de leur corps et se libérer des contraintes de l’illusion virile : un nouvel homme est en train de naître. Et il avancera dans un froufrou de jupons.

1. L’association HEJ, créée en 2007, a une trentaine d’adhérents dans toute la France, fiers de porter des jupes pour mecs. Et beaucoup plus de sympathisants, anonymes. Voir leur site : i-hej.com

Pour en savoir plus sur les jupes pour hommes et les hommes en jupe, allez voir sur www.jupe-skirt.info

Agathe André

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